Le directeur de Lyft, David Risher, lors du Web Summit de Lisbonne, le 12 novembre 2025 ( AFP / PATRICIA DE MELO MOREIRA )
Des chauffeurs remplacés par des voitures autonomes chez Uber ou Lyft ? Les deux plateformes de VTC travaillent à l'intégration progressive de la conduite autonome, en multipliant les partenariats, mais avancent prudemment face à des consommateurs attachés à la présence humaine derrière le volant.
Construire des véhicules autonomes plus sûrs que les conducteurs humains est une question "presque entièrement résolue", a estimé mardi lors du Web Summit de Lisbonne Andrew Macdonald, directeur des opérations d'Uber.
"Maintenant, c'est une question de commercialisation", a-t-il ajouté lors de ce salon spécialisé dans les innovations de la tech.
"D'ici cinq ans, si (la conduite autonome) représente même 10% de notre activité, ce serait un énorme succès", a déclaré pour sa part à l'AFP le directeur de Lyft, David Risher, lors d'un entretien mercredi.
Pour cette entreprise américaine de VTC, cela représenterait environ 500 millions de dollars par trimestre, ses réservations s'élevant à 5 milliards de dollars, selon les derniers chiffres communiqués.
Une somme qui reste bien inférieure à celle des courses payées sur la plateforme Uber sur la même période, dont le montant total atteint 50 milliards de dollars, avec une gamme de services toutefois plus large incluant la livraison de nourriture.
Lyft, qui représente environ 30% du marché américain et a récemment racheté l'application européenne FreeNow, prévoit de déployer des projets pilotes dans certaines villes aux États-Unis et en Europe.
- Partenariats démultipliés -
A Nashville (Tennessee), l'entreprise lancera en 2026 un projet en partenariat avec la start-up californienne Waymo, qui propose déjà des trajets autonomes à San Francisco. En Allemagne et au Royaume-Uni, elle s'associera avec le géant technologique chinois Baidu.
Ces deux pays ont été "les plus rapides d'Europe" à se lancer dans des projets officiels de conduite autonome, a déclaré à l'AFP le patron de FreeNow, Thomas Zimmermann.
Le logo d'Uber sur une tablette le 1er octobre 2019 ( AFP / DENIS CHARLET )
Le secteur a récemment vu fleurir les partenariats entre un petit nombre d'entreprises, tant du côté des plateformes de transport que du côté des entreprises spécialisées dans les technologies de conduite autonome.
Dans les villes américaines d'Austin (Texas) et d'Atlanta (Géorgie), Uber travaille également avec Waymo, tandis qu'à Abu Dhabi la plateforme de VTC s'est associée avec le chinois WeRide.
Quant à Lyft, l'entreprise a conclu un partenariat avec des groupes américains comme Tensor, ainsi qu'avec l'entreprise américano-israélienne Mobileye.
Contrairement à l'intelligence artificielle ou aux semi-conducteurs, pour lesquels la Chine et les États-Unis se livrent à une course acharnée, la conduite autonome permet encore des partenariats entre entreprises chinoises et américaines.
Des alliances qui concernent toutefois des pays en dehors des États-Unis. En raison des tensions géopolitiques entre les deux pays, les fabricants chinois ont peu de chance de conquérir le marché automobile américain avec leurs offres de conduite autonome, a souligné le patron de Lyft.
- Contact humain -
S'agissant de l'Europe, "les entreprises chinoises estiment qu'elles ont besoin d'un partenariat avec une entreprise comme la nôtre pour commercialiser leur technologie", a-t-il ajouté.
L'avènement de la conduite autonome ne pourra cependant se faire qu'à petits pas. La conduite humaine restera encore prépondérante pour les années, voire les décennies à venir, selon les deux géants du secteur des VTC.
"Ce sera une transition délicate de passer d'une main-d'œuvre entièrement humaine à de l'IA dans des véhicules autonomes", selon Andrew Macdonald, d'Uber.
Pour l'instant, "il n'y a tout simplement pas assez de véhicules autonomes dans le monde pour satisfaire toute la demande", a indiqué de son côté David Risher.
Les habitudes et les besoins des passagers restent aussi orientés vers les chauffeurs humains, selon le dirigeant. "A de nombreux moments, les gens voudront de l'aide avec leurs bagages ou un mot gentil à la fin de la journée".

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